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AFRIKAN IN PARIS DIFFERENTES VIBZ, DIFFERENTES AMBIANCES C'EST NOUS ON FAIT LES BY, C'EST NOUS ON FAIT LES CHOSES LES MAINS EN L'AIR |
VR The Legend, 38 ans, DJ et ingé son, souvent en retard, mais ultra passionné.
D’origine
Ivoirienne, j’ai grandi en Seine St Denis. A 12/13 ans j’avais déjà mon 103 SP
en bas de chez moi et ma motocross. On allait dans des garages et on volait des
bécanes. J’entrais dans la délinquance. Mes parents m’ont alors
expatrié. J’avais 16 ans quand je suis arrivé dans l’Essonne et ça a été
salvateur. J’ai senti le fossé entre ce côté 93 et cette ville nouvelle, Evry,
où j’arrivais petit de taille mais haut de pensée. Je suis redescendu
directement car je n’avais plus de démons à côté pour m’influencer. Si je suis
rentré dans le hip hop dans les années 80, c’est parce que c’est une culture
d’échange et de partage, il m’a canalisé.
A cette
époque la culture hip hop naissait tout comme la commune émergeait. Il n’y
avait qu’une seule bande sur la ville LA ZULU NATION FORCE (ZNF) qui
rassemblait toutes les personnes d’Evry, Grigny, Corbeil. Le point stratégique
était le Centre Commercial de l’Agora où l’on se retrouvait régulièrement
devant une grande glace pour apprendre danser. J’observais les mouvements de
mes grands frères, je travaillais à la maison et je revenais le samedi d’après,
pour leur montrer ce que je savais faire. J’ai appris par mes aînés le rap, la
danse, le graffiti ainsi que l'art d'être DJ. A l’époque dans les 90’s quand tu
étais hip hop, tu étais hip hop, c’était un style de vie. Tu apprenais
toutes les disciplines ensuite tu te spécialisais selon tes envies et les joies
que cet art te procurait. Par exemple, j’étais un bon danseur, mais vraiment
pas le meilleur… J’ai d’abord commencé à squatter à Grigny, où ils
ont mis en place les premiers ateliers de danse, tous les jeunes de la ZNF y
allaient. C’est dans la discothèque le Crystal que j’ai compris la force du DJ.
Je le voyais comme un dieu. J’ai trouvé ça magique de voir qu’une personne en
manipulant des disques puisse fidéliser une salle et faire la pluie et le beau
temps. J'ai un super souvenir, le DJ a mis le morceau d’Alpha Blondy
« Brigadier Sabari » à un moment, il a coupé le son et
tout le monde s’est mis à chanter. Etant d’origine ivoirienne, ça m’a
marqué. De là, j'ai eue envie de le devenir moi-même. J’avais
16 ans et toute la place à prendre, car il y en avait peu sur la scène Evryenne
comparé aux danseurs, rappers, beatboxers etc…
On avait la
chance d’avoir deux pionniers de la radio à Evry: JP Master funk et David que
j’écoutais déjà gamin. Plus tard, lorsque j’ai eu beaucoup de disques et acquis
une certaine notoriété dans la ville, ils sont venus me solliciter, tout comme
DJ Cut Effect, pour travailler à Radio Lucrèce qui était une nouvelle antenne
locale, en me donnant l’opportunité d’avoir ma propre émission. Lors de la
première, je suis arrivé tout content, avec mon bac de vinyle. Avant de
commencer mon show, je les ai observés. En écoutant leur mix je me
suis rendu compte que les disques étaient superposés, qu’ils enchaînaient les
morceaux et que la musique tournait sans cesse. C’était une technique que je ne
connaissais pas. Je me suis remis en question en tant que DJ car j’attendais
que les morceaux se terminent avant de mettre un autre disque. Ca m’a vraiment
interpellé, je me suis dis "T’es pas DJ, tu pousses les
disques". Ce jour là, j’ai fait le job comme j’ai pu. Puis, je suis rentré
à la maison, et me suis pris la tête. Je me suis rendu compte à ce moment
précis que j’écoutais la mélodie mais que je ne l’entendais
pas. J’ai pris l’initiative de faire plus attention à la musique alors une image m’est venue, celle de la rythmique « poom chak, poom
chak » et me suis rapproché de ça pour mieux superposer mes disques et
évoluer comme un vrai DJ.
Aujourd’hui,
mon métier est ingénieur du son et non DJ. Sans la musique je n’aurais rien
fait. C’est elle qui me booste, me porte, me permet d’exister dans ce monde
éphémère. Grâce au son, j’ai rencontré énormément de gens, j’ai beaucoup
voyagé, j’ai fait des festivals et animé dans la plupart des discothèques parisiennes.
Devenir ingénieur du son ça m’a énormément apporté en parallèle. Après ma
formation, j’ai travaillé sur l’album de Sefyu "La vie qui va
avec" et la mixtape de Booba avec Nesbeal (au studio Artop avec Kore et Skalp) mais aussi avec les artistes de la
PLC. Je vais peut être paraître un peu cliché mais j’estime qu’aujourd’hui les
ingés sons rap doivent être un peu comme aux Etats Unis et donc venir de cette
école. Lorsque j’échange avec les rappeurs, je n’ai pas besoin d’échanger
beaucoup car leur musique m’a toujours parlé. Je la connais, j'ai pratiqué cet
art et j’ai toujours baigné dedans. Je peux même les accompagner dans
leur création. Au bout de 20 ans dans le milieu je peux partager avec eux mon
expérience.
A la base je
ne m’appelle pas VR The Legend mais Chien VR aka Green Dog, surnom qui m’a été donné par les
mecs des Tarterêts. Mon pseudo est arrivé à la SAE (école des ingés sons) lors
des workshops qu’on faisait sur une console d’enregistrement qui s’appelle la
Niv VR the Legend. Le jour où je suis arrivé devant cette machine, je me suis
demandé comment elle pouvait porter ce blaze alors qu’il m’appartenait
totalement. Logiquement, je lui ai volé son nom, son logo… j’ai tout pris.
Je n’ai donc
pas choisi ce patronyme parce que j'ai la grosse tête…Mais plus par amour pour
cette console !!! Même, si je défends ce terme de Légende par rapport à ce
que je fais au quotidien. Je pense être un acteur important sur la scène Evryenne par
rapport à ce qu’on essaye de mettre en place depuis une dizaine d’années. Si le
mot "légende" doit s’identifier à quelque chose, ce serait de donner
l’opportunité aux gens de pouvoir exister par leur passion. Je connais et
accompagne dans leurs démarches la plupart des rappeurs d’Evry. C’est ce
qu’on essaye de faire aujourd’hui via le studio, aux Epinettes, où je laisse
tous mes disques à disposition du public. Il doit y en avoir aujourd’hui
plus de 5000 entre la collection de vinyles que m’ont offerts mes parents, ceux
que j'ai acquis au fil des années, et ceux qu’on a chiné avec mon associé
Tex. Et, notamment mon premier vinyle qui est un disque de reggae, Bob Marley
"Legend". Je permets également l'accès à mon matos perso (platines et micros) sous forme d'atelier, afin qu’ils puissent évoluer dans
leur pratique.
Tout ce côté
partage a aussi fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Les gens me demandent
encore aujourd’hui « Alors Hervé ça va, toujours DJ » ? Ca me
fait plaisir, car le petit qui habitait dans le 93, puis est arrivé dans le 91
évolue aujourd’hui sur Paris. J’ai une vraie famille au sein du 91 et que je
garde toujours dans mon sillage encore aujourd’hui. Je les convie d’ailleurs
toujours régulièrement lorsque j’anime mes soirées parisiennes. Notre force,
est de rester soudés, avec nos joies, nos peines et profiter du temps présent tout en construisant. C’est l’élément essentiel de cette culture
que l’on appelle le hip hop, la dimension de partage. C’est aussi à nous,
anciens, de garder cette éthique pour la transmettre aux nouvelles générations
"Si demain vous arrivez à avoir un peu, reversez le aussi un peu aux
autres".
J’ai
commencé à avoir cette vitrine parisienne en tant que DJ par le biais de Tex
qui était un collègue de ma femme lorsqu’elle travaillait chez Wi-cked. Elle
est allée le voir en lui demandant de m’envoyer aussi des disques pour l’émission.
De là on s’est découvert des affinités. On était complémentaires. Ayant vécu
les mêmes choses en parallèle, on s’est vraiment retrouvés musicalement. On a
commencé à construire quelques mixtape ensemble. La première qu’on a crée
était "L’âge d’or" qui retrace le summum de la musique rap des 90’s,
en passant par le break beat.
De là, on a
monté la compilation "Groove Deluxe" vers 2000 qui est beaucoup plus
dédiée à la musique Soul, Groove. On a réalisé 4 volumes qui ont très bien
marché. On a monté Groove Deluxe Party à la Favela Chic en 2007. L’invitation est venue de Julien Chimony qui est tombé sur nos mixtapes et s'est rendu
compte, lorsqu’il diffusait nos compilations, que les gens étaient hyper
réceptifs et preneurs. À l’époque cette salle était exclusivement dédiée à
l’ambiance brésilienne. Il nous a donné l’opportunité de mettre en place des
soirées, hip hop, soul, groove dans ce lieu.
Notre
objectif était de fidéliser nos pairs. On s’était rendu compte que nous même
trentenaires et kiffeurs de sons, on se retrouvait en boîte avec des personnes
pas forcement de notre génération. Vu qu’on était dans une démarche de sortie,
ça ne nous dérangeait pas d’écouter des musiques tendances, mais le fait
de nous retrouver avec des gamins de 18/25 ans nous gênait un peu. Les gens
étaient dans l’attente, alors l’engouement a été direct.
Et
aujourd’hui, à 5 ans de nos débuts, nous ne sommes plus la structure exclusive
qui joue du hip hop à la Favéla Chic. On a peut être été précurseurs et on a
ouvert la porte à d’autres collectifs. Il y a également de plus en plus d'ambiances
destinées aux trentenaires. Et j’estime que c’est un vrai mérite qu’on ait
réussi à mettre ces choses en place.
Je pense
que je resterai dans le son jusqu’à la fin. Mon souhait pour demain, serait de
devenir entrepreneur, avoir une discothèque ou un bar lounge me semble la suite
logique. J'imagine un endroit où je donnerai l’opportunité à l'ensemble des DJ
parisiens, de venir mixer ensemble. Chez VR ils n'auront pas à subir ce
qu’on a vécu, donc aller « se prostituer » pour pouvoir animer.
J'estime qu'il manque ce genre de spot à Paris. C’est vrai, on à la
Favela Chic, le Comedy Club, des boîtes différentes, mais aucun de ces lieux
n’appartient à un pilier du hip hop.
Ma
merveilleuse femme que j’ai connue en 96 lors d’un concert de Sadat X m’a donné
deux superbes enfants.
Ma fille
Himany K., qu’on appelle Many a 7ans. Elle est forte comme sa mère et a une
très bonne mémoire. Elle savait déjà mémoriser les digicodes de la maison sans
même connaître les chiffres rien qu’en me regardant le composer. C’est une
enfant surdouée avec un tempérament assez buté. Si Imany était un son elle
serait un rythme africain le morceau « «Séka, Séka ». Quand elle va
au pays, elle revient totalement imprégnée par la musique ivoirienne. Elle est
un peu aussi notre référence du top 50 de la musique du bled car elle se
rappelle de tous les morceaux qui marchent là-bas.
Mon fils
Harlem K., dit Doudou a 5 ans. Il est mince comme son père, c’est un rêveur. Il
est d’une nature déterminée et est souvent scotché à la télé. Si Harlem
était un son il serait « One Step Beyond » de Madness, à cause de son
côté fougueux, car il n’est jamais tranquille, toujours en train de sautiller.
Et, vu que c’est un morceau de pogo, il le définit parfaitement.
J’ai choisi leurs prénoms de manière à ce qu’ils
aient les mêmes initiales que leur papa. Ensemble on forme le « H-K CREW ».
J’ai
commencé mon activité bien avant leurs naissances mais je sais qu’aujourd’hui
si j’étais DJ, ça n’aurait pas pu continuer. Lorsqu’ils sont venus au monde, je
tournais beaucoup avec Lady Sweety. Plus tard, j’ai appris à organiser mon
emploi du temps en fonction d’eux avec le soutien indéfectible de leur mère je
parviens à plutôt bien gérer. Avec leur arrivée dans ma vie, j’ai appris à être
plus à l’écoute. La complicité qui règne entre eux me rend très fier, ils
n’achètent jamais rien sans penser à l’autre. J’espère leur transmettre l'amour
de leurs origines et qu’ils n’oublient jamais qui ils sont et d’où ils
viennent.
Pour moi la
musique est un don, je ne sais pas comment le définir mais je pense que
beaucoup de gens vont me comprendre. Je ne suis jamais allé à l’école de la
musique. La seule que j’ai faite, c’est celle d’ingénieur du son, et quand j’ai
commencé j’étais entouré de plein de musiciens. Via mon expérience par la
musique hip hop je suis arrivé avec les mêmes bases qu’eux, tout ce qui est
BPM, instruments, ect... Les notes, je ne les connais pas, mais je sais où aller
chercher la matière. Envoyer mes enfants au conservatoire, je ne sais pas…
Imany fait de la natation et du trampoline et Harlem pratique le foot et
vient d’arrêter le judo. Imany a ce don, qui lui vient peut être de moi,
si elle ne connaît pas la chanson elle se rappelle de toutes les paroles, et
même si elle ne se souvient pas des paroles elle retient la mélodie. Depuis
qu'elle est vraiment toute petite elle chante. Elle balbutiait des sons dans la
voiture en allant à la crèche alors qu'elle savait à peine parler, ce côté
musical a toujours été ancré en elle. Aujourd’hui elle a même un poste
radio dans sa chambre, et elle prend vraiment du plaisir à écouter de la
musique, et à la chanter. Avec sa mère on a même pensé à l’envoyer dans une
école de chant ou de musique mais j’ai peur que cette histoire de solfège ne
lui casse le truc. C’est peut être moi, qui plus tard, vais l’accompagner
dans sa démarche musicale si elle en a envie.
Ma fille
m’appelle dès qu’elle s’assoit sur le fauteuil, elle aime passer du
temps avec moi. Je fais partie d’une génération où on ne partageait pas
vraiment avec nos parents. Ca me fait plaisir de voir que l’on communique
autant avec les petits et qu’on puisse passer du temps ensemble, juste pour
être en famille, même si c’est pour ne rien faire de particulier. Une balade au
parc ou autre…
Mes enfants
m’inspirent également dans mon travail, ils m’animent et me soutiennent. J’ai
mis en place un projet pour le téléthon avec le centre de loisirs. On a créé une
compilation de comptines, entièrement réalisées par les enfants du centre : ils
chantent et dessinent les pochettes. Toutes les sommes de reventes de ces
disques sont reversées au Téléthon. Il y a beaucoup de jeunes qui
viennent afin de se familiariser avec l'environnement d'un studio
d’enregistrement. J’essaye de donner un autre regard aux parents, par rapport à nos actions, on casse les clichés, sur les jeunes, sur le hip hop,
on s’ouvre à toutes les communautés. Et je
sais, que mes enfants ne sont pas pour rien dans la réflexion que j’ai eue,
quant à ce projet…
HIMANY
Que fait ton papa comme métier ?
Enregistreur et DJ.
Qu’est ce que vous adorez faire avec votre papa ?
Aller au studio avec papa.
Quelles musiques aimes-tu ?
J’aime les musiques de Direct Star.
Policier.
Qu’est ce que tu adores faire avec votre papa ?
Aller au studio avec papa.
Quelles musiques aimes-tu ?
J’aime
la musique de « Shake it up » et aussi Sexion d’Assault « Avant
qu’elle parte ».
Jouer de la musique pour :
Les soirées Groove Deluxe à la Favela Chic tous les 2e mercredis de chaque mois
Juicy Sunday au Café Bibliotèque dans le 12e
En Boîte JParle Russe
Faire de la musique pour PLC ALLSTARZ, 91VASION ft Dj Myst La Legend
(mixtape regroupant l'ensemble des acteurs rap du 91)
Toute l'actu de la Groove Deluxe Dj Team : ici
Propos recueillis par Sadio Kya Koïté
Photo par Evingel
un homme dont je viens de decouvrir multiple facette qui me touche profondemment !!!VR the legend !!!!
RépondreSupprimerj'ai beaucoup adoré lire cette mini bio qui parle de toi, ton univers, les tiens... je t'encourage depuis que je t'ai entendu mixer à la juicy... tu le sais! ONE LUV FOR MY NUMBER ONE DJ "THE LEGEND"
RépondreSupprimerxxx
my dawg !!!
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